Le risque systémique de la gestion d’actifs

Les régulateurs accordent aujourd’hui une attention toute particulière au caractère systémique des risques liés à la gestion d’actifs.

Le risque systémique de la gestion d'actifsCertaines autorités de contrôle et de régulation étudient désormais la possibilité de renforcer la surveillance et la régulation des acteurs de la gestion d’actifs pour faire face au risque systémique.

Contrairement aux banques et aux compagnies d’assurance, les gérants d’actifs ne portent pas directement les risques liés à l’investissement dans leur bilan car ils agissent pour le compte de clients. Mais en déléguant la gestion, des problèmes d’incitation entre investisseurs finaux et gestionnaires peuvent apparaître et encourager des comportements déstabilisateurs.

« Certaines activités des gérants d’actifs comportent néanmoins des similitudes avec les activités bancaires. Les gérants d’actifs peuvent en effet créer des fonds qui sont de proches substituts des passifs monétaires des banques. Via la création de véhicules d’investissement collectifs, ils sont engagés dans différentes activités de transformation de la liquidité, et de fourniture de liquidité aux clients et aux marchés » ( source: Revue-Banque).

La vulnérabilité de l’industrie face aux chocs financiers peut être multipliée par différents phénomènes. Dans un contexte de taux bas et de faible volatilité, les investisseurs cherchent du rendement dans des investissements plus risqués ( voir aussi Impact des taux longs bas sur les fonds en euros). « Ce phénomène a pour conséquence une utilisation généralisée de certaines stratégies d’investissement. Les véhicules d’investissement collectifs qui offrent des possibilités de rachats journaliers font également face à un risque de ventes en catastrophe lorsque les conditions de marché se détériorent. Ces mécanismes sont amplifiés par l’utilisation du levier obtenu dans certains fonds via l’utilisation de dérivés (futures, options et swaps) ou les activités de prêts de titre ».

Dans ce contexte, quels types d’indicateurs de risque les régulateurs peuvent-ils créer pour surveiller les fonds d’investissement ? Comment comptent-ils mettre en place des outils qui pourraient permettre d’empêcher les investisseurs à retirer leurs fonds en même temps ? Quels pourraient être ces types d’outils ? ( mécanismes d’ajustement des valeurs liquidatives, commissions de rachat, etc…). Les régulateurs vont désormais s’atteler au problème du risque systémique lié à la gestion d’actifs

Des stress tests sur les risques associés au changement climatique ?

La grande majorité des acteurs économiques ayant intégré le risque carbone comme un risque financier voire un risque systémique, les régulateurs souhaitent désormais aborder ce sujet lors de la COP 21 à Paris.

Des stress tests sur les risques associés au changement climatique ?Alors que la COP 21 débutera le 30 novembre à Paris ( voir La finance verte, qu’ est-ce que c’ est ?), les ministres du G20 viennent d’envoyer un courrier au Conseil de Stabilité financière (SFB) en lui demandant de travailler sur le risque climat ( risques associés au changement climatique).

Mark Carney, gouverneur de la Banque d’Angleterre, a précisé que son mandat de superviseur devait désormais les demandes d’ informations sur le management du risque climat aux acteurs financiers. En France, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte a quant à elle introduit l’idée de stress-tests sur les risques associés au changement climatique.

L’article 173 de la loi du 17 août 2015 indique que « Le Gouvernement remet au Parlement, avant le 31 décembre 2016, un rapport sur la mise en œuvre d’un scénario de tests de résistance réguliers représentatifs des risques associés au changement climatique ». Il introduit également une obligation de reporting environnemental pour les investisseurs institutionnels. On ne sait toutefois pas quelle méthodologie sera appliquée ni quel sera le contenu de ce rapport… A suivre lors de la COP 21.

 

La finance verte, qu’ est-ce que c’ est ?

Green bonds ( obligations vertes), fonds verts, taxe carbone, etc… La finance verte représente l’ensemble des services proposés par les marchés financiers pour investir dans des projets qui visent à réduire l’impact des activités humaines sur l’environnement.

La finance verte, qu' est-ce que c' est ?La finance verte continue son développement. Après la taxe carbone, l’explosion des obligations vertes ( dont 1,25 milliard de dollars de green bonds émis par EDF la semaine dernière) et des investissements dans les énergies renouvelables (+55 % entre 2009 et 2014), le fonds vert pour le climat qui atteint déjà 10,2 milliards d’euros, etc… la finance verte est aujourd’hui au coeur des débats et sera au centre des négociations de la COP21 qui aura lieu dans quelques semaines à Paris.

Principal objectif de cet évènement: identifier les sources de financement permettant de débloquer une enveloppe de 100 milliards de dollars par an en faveur des pays en développement afin de les aider à faire face aux changements climatiques. 87 milliards seraient déjà sécurisés: 62 milliards de fonds publics et privés, ainsi que 15 milliards supplémentaires promis par les banques de développement.

Le rôle du privé dans la finance verte ne se limite pas à cette enveloppe des 100 milliards. Car c’est l’ensemble du système financier qui doit se réformer pour soutenir la transition mondiale vers une économie bas carbone. Les investisseurs institutionnels sont de plus en plus nombreux à rejoindre le mouvement de désinvestissement des énergies fossiles.

Des marchés du carbone ont été expérimentés dans 40 pays et 20 villes représentant 12% des émissions mondiales, en attendant le marché national chinois (26% des émissions) attendu en 2016. La Suède a été le premier pays à instaurer une taxe carbone au début des années 1990, entraînant depuis une baisse de 23% de ses émissions de CO2 et une croissance de 60%.

Selon l’ONG américaine Ceres, 1000 milliards de dollars par an seront nécessaires d’ici à 2030 pour verdir l’économie mondiale.

Mais le risque systémique plane. La décarbonisation de l’économie doit être gérée avec minutie afin d’éviter un choc trop brutal pour les industries polluantes et l’éclatement d’une bulle carbone.

Révision de la réglementation EMIR

La réglementation EMIR, qui instaure l’obligation de compensation pour une partie des produits dérivés de gré à gré ( dérivés OTC), va être révisée alors qu’elle vient tout juste d’être appliquée. Vers EMIR 2 ?

Révision de la réglementation EMIRLe règlement EMIR décrète l’obligation de compensation pour certains dérivés OTC ( swaps de taux d’intérêt fixe contre variable, swaps de base, contrats à terme de taux et swaps indexés sur le taux à un jour). Et alors que son application est entrée en vigueur le 6 août dernier, la réglementation EMIR va déjà être révisée, sur recommandation de l’ ESMA.

L’ ESMA a en effet proposé de mieux cibler les contreparties non financières pouvant entraîner un risque systémique. L’ ESMA propose également de préciser les règles visant à limiter la procyclicité des appels de marges des chambres de compensation (CCP), de clarifier les notions de ségrégation et de portabilité des comptes entre membres compensateurs d’une CCP et de s’équiper de mécanismes de levée de l’obligation de compensation dans certaines conditions de marché.

L’ESMA souhaite ainsi devenir un acteur incontournable du processus décisionnel et suggère donc d’ introduire des critères relatifs à la gestion du risque de ces CCP. Elle souhaite aussi qu’il soit possible de suspendre cette équivalence une fois accordée.

Mais les révisions de la réglementation EMIR ne devraient pas s’arrêter là. Le reporting des transactions sur dérivés auprès des référentiels centraux devrait notamment être étudié, en attendant le vote d’une réglementation EMIR 2, déjà dans les tuyaux.