Affaire SGAM AI : gérants ou traders ?

sgam-aiLe dernier scandale dans le groupe SG lié aux pertes importantes générées par leur filiale SGAM AI remet au gout du jour la question « Quel est le vrai métier d’un gérant d’actifs? ».

Selon sa définition la plus simple, le gérant d’actifs financiers investit les capitaux confiés dans le respect des contraintes règlementaires et contractuelles, pour en tirer le meilleur rendement possible en fonction du risque choisi par le client.
Le gérant d’actifs n’a pas d’obligations de résultat, mais uniquement des moyens.

SGAM AI, probablement dans l’intérêt unique de ses clients ;-)), a voulu se doter d’un moyen supplémentaire – leur propre banque SGAM BANQUE.
Ce schéma évitait effectivement de nombreux coûts correspondants aux commissions et marges bancaires.

La création de la SGAM BANQUE a ouvert la porte à la prise de risque pour le compte propre de la banque et donc de SGAM AI.

Les gérants, dont le métier est une gestion pour le compte de tiers dans un cadre bien défini, sont devenus également traders pour leur compte propre.
Le résultat prouve que le mélange de genres n’est pas forcement bénéfique.

Contrairement à une banque, la société de gestion n’a pas à supporter les risques de marchés. Ces risques sont portés par leurs clients-investisseurs.

Or, plusieurs cas récents, en plus de celui de SGAM AI, montrent que les sociétés de gestion supportent indirectement et partiellement les risques de marchés de leurs clients (par exemple, le risque de crédit pour ADI, repris par OfiVM ou le risque de liquidité sur les petites capitalisations pour Richelieu, repris par KBC).

CFD – contrat pour différences – nouveau produit à levier

CFD signifie ‘contrats financiers pour différences’.

Les CFD sont des produits dérivés. Ils permettent de trader des actions, les indices et les matières premières (comme l’or ou le pétrole) de manière simple et peu onéreuse et surtout avec un important effet de levier, donnant accès en vente à terme ou à découvert à plus d’actions que le SRD !

L’investisseur n’achète pas et ne vend pas les actions sous-jacentes. Il a simplement un accord avec son intermédiaire financier stipulant que la différence, gain ou perte, résultant de la transaction sera crédité ou débité sur son compte. D’où le nom de CFD.

Les CFD sont en fait comme d’autres produits populaires (mais plus simples à utiliser) tels que les turbos, les warrants, les clickoptions et les certificats mais avec un choix plus large de sous jacent. De plus, les CFD  n’ont pas d’expiration, pas de valeur temps, etc.

En résumé, les CFD c’est:
• Effet de levier important
• Commissions à des niveaux très bas
• Il existe des CFDs sur or, pétrole, sucre, cacao, devises, actions, indices, …
• Spreads identiques à ceux des cours de Reuters (pas chez tous les courtiers)
• Possibilité de vendre chaque CFD à découvert
• Bon produit pour débutants qui veulent trader les indices (CAC40, Dax, etc) car taille beaucoup plus petite que les contrats futures.

MAIS, car il y a un mais important, les CFD défient toute régulation et n’ont d’ailleurs été concernés par aucune volonté politique depuis la levée générale de boucliers de la planète finances..

Sur Internet, les sites proposant des CFD se multiplient sans qu’on puisse sérieusement savoir qui les propose. N’étant pas cotés, les CFD n’ont pas à obtenir en France par exemple une autorisation de l’ AMF. Certes, l’établissement qui les propose doit être agréé en tant que prestataire de service d’investissement par la Banqsue de France mais si il est agréé dans un autre pays membre de l’ Union Européenne, il peut exercer en France sans démarches depuis l’adoption de la directive MIF.

A n’en pas douter, les forces ultralibérales du trading et de la finance de marchés, ont, avec les CFD, de quoi vivre encore longtemps à l’abri des régulations en tout genre et de la volonté politique de redonner la primeur à l’industrie et au « contenu » des activités des sociétés et du commerce.

Plan Geithner et effet de levier

effet_de_levierAlors que la planète financière se bat contre l’effet de levier, l’Etat américain met en place un plan de relance introduisant un levier de 1 à 6.

Selon le plan Geithner, l’Etat américain fournira entre 75 et 100 milliards de dollars de capitaux provenant de l’enveloppe TARP de 700 milliards votée en octobre 2008.

Ces fonds seraient complétés par des capitaux privés et par des prêts de l’agence de régulation bancaire FDIC et des prêts de la Fed.

Le but est d’organiser le rachat d’actifs (prêts et créances titrisés) pour l’instant logés dans des bilans de banques et autres institutions financières.

Ces opérations seront réalisées par enchères et devraient permettre le rachat jusqu’à 1000  milliards de dollars d’actifs « toxiques ».

La reprise des prêts toxiques s’effectuera par des fonds d’investissement dont le capital sera détenu à parité entre le public et le privé. Pour financer leurs achats, ils émettront de la dette (jusqu’à 6 fois le capital) garantie par la FDIC.
A titre d’exemple, un prêt de 100 dollars racheté 84 dollars sera financé par 6 dollars de capitaux privés, 6 dollars de capitaux publics et 72 dollars de dette.

Ce savant mécanisme permet d’éviter aux banques de décortiquer leurs titrisations – étape pourtant nécessaire afin de démonter réellement le système à levier multiple.

L’effet de levier est mort, vive l’effet de levier!

Terminologie de la crise financière

definitionsABS
Dans le cadre d’opérations de titrisation, une Asset Backed Security (ABS) est un titre de dette émis par une entité afin de lui permettre d’acheter des actifs comme des créances. L’ABS est dit adossé aux créances car ce sont elles qui gagent sa valeur. Les ABS sont au cœur de la crise des subprimes, ces crédits hypothécaires immobiliers, car ils ont contribué à les rependre dans l’ensemble du secteur financier.

FDIC
La Federal Deposit Insurance Corporation (FDIC) est une agence fédérale chargée d’assurer les dépôts des particuliers dans les banques et les institutions d’épargne. Il a également pour mission de limiter l’effet de la faillite d’une institution financière sur l’économie et le système financier en organisant sa liquidation.

TALF
Annoncé en novembre dernier, le Term Asset-Backed Securities Loan Facility (TALF) est un programme de la banque centrale américaine (Fed) visant à relancer les marches du crédit américain. Initialement de 200 milliards de dollars, il a été porté à 1.000 milliards par l’actuel secrétaire au Trésor Timothy Geithner.

Les conclusions du rapport « de la Rosière » bloquent l’application des décisions du G20, en ce qui concerne la gestion des risques

conclusions_de_la_rosiereL’application concrète des belles décisions du G20 a commencé à se heurter à des problèmes très concrets dès la réunion de l’Europe économique et financière à Prague ce week-end.

Récemment, Jacques de la Rosière, qui fut patron du FMI et gouverneur de la Banque de France, a remis à la commission européenne un rapport sur la « prévention des crises ».

Les principales recommandations du rapport de Mr de la Rosière sont les suivantes:

Superviser le risque:

  • Mettre en place un conseil européen du risque systémique (European Systemic Risk Council, ESRC), dirigé par la Banque centrale européenne et composé de membres du conseil de la BCE, d’un membre de la Commission européenne et de représentants des comités européens de superviseurs sur la banque, l’assurance et les valeurs mobilières.
  • Etablir un système effectif d’alerte du risque sous la responsabilité de ce conseil et du comité économique et financier.

Superviser quotidiennement l’activité financière:

  • Créer un système européen de superviseurs financiers (European System of Financial Supervisors, ESFS), consistant en un réseau décentralisé où les superviseurs nationaux continueraient à mener à bien la supervision des établissements au quotidien.
  • Des collèges de superviseurs seraient mis en place pour tous les établissements transfrontaliers.
  • L’ESFS serait indépendant des autorités politiques mais responsables devant elles et devrait mener son travail sur la base de règles harmonisées.

Réformer les institutions:

  • Passer en revue les règles de Bâle II sur les fonds propres des banques.
  • Avoir des définitions communes en la matière et réfléchir à la notion de mark-to-market.
  • Rendre collectivement responsables de l’enregistrement et de la supervision des agences de notation les superviseurs nationaux.
  • Adopter sans tarder la directive Solvency II sur le secteur de l’assurance.
  • Obliger les fonds spéculatifs à s’enregistrer et à fournir certaines d’informations.

Or, le Royaume-Uni s’oppose à la création du Comité Européen du Risque Systémique (ESRC) notamment parce qu’il serait présidé par le président de la Banque Européenne. Et il est difficile et peu crédible de laisser Londres et son importante City en dehors d’un système commun de surveillance.

Par ailleurs, le président de la BCE, jean-Claude Trichet, a souligné que ce comité devrait aussi compter en son sein les banques centrales des pays non membres de la zone Euro.

2 problèmes concrets, loin d’être résolus et qui bloquent pour l’instant l’application des décisions du G20.

Valorisation des actifs financiers : Mark to model ou Mark to market ?

valorisation_actifs_financiersLes techniques de valorisation des actifs financiers sont à la mode et même un des sujets discutés pendant la réunion du G20 à Londres.
Les techniques de valorisation des actifs financiers ont 2 approches différentes : « Mark to market » et « Mark to model« .

Valoriser un actif en « Mark to market », c’est s’appuyer sur le prix du marché, le prix auquel on peut vendre ou acheter. Valoriser un actif en « Mark to market », c’est avoir donc recours à des données diffusées quasi automatiquement et accessibles plus ou moins à tout le monde. On parle dans ce cas d’ actifs liquides.

Dans la méthode de valorisation des actifs financiers dite du « Mark to model », il s’agit de mettre en œuvre des modèles mathématiques basés sur des formules de calcul, alimentées certes par des données de marché mais aussi par des données plus subjectives (comme le risque de défaillance d’une entreprise émettrice).
Cette méthode de valorisation des actifs financiers « Mark to model » s’applique aux produits structurés, peu ou pas liquides. La difficulté est que les modèles ainsi que la manière de les paramétrer varient d’un établissement à l’autre.

Logiquement, un risque supplémentaire surgit – le risque de modèle :

– Est-ce le bon modèle ?
– Est-il bien parametré ?
– Les actifs sont-ils bien valorisés ?

Un casse-tête de plus pour des Risk Managers….

Recherche quantitative en finance

recherche_en_financeLa recherche quantitative en finance permet-elle comprendre les événements passés, actuels et surtout futurs des marchés financiers?

Cette question s’est posée au 2ème Forum international de recherche en finance (organisé par Europlace à Paris).

Parmi les ambitions visées par les chercheurs :

– l’approfondissement de la recherche sur l’identification et la gestion des risques, y compris les risques de modèles
– la prévention des bulles spéculatives
– la conception de produits financiers plus transparents et mieux adaptés aux besoins des utilisateurs

Pour sortir de la crise financière, quelques recommandations ont été émises de ce forum sur la finance :

– développer la recherche sur le risque de liquidités et les risques systémiques,
– utiliser des modèles dynamiques,
– favoriser des produits dérivés standardisés et moins complexes,
– harmoniser la régulation des institutions financières au niveau mondial,
– revoir les normes comptables Mark to Market,
– réformer le mode de rémunération des opérateurs de marché

Malheureusement il est impossible de trouver des propositions concrètes de mise en place de toutes ces belles idées. Il est également dommage de ne pas médiatiser davantage cet événement dans les milieux « populaires » de la finance.

Normes IFRS et valorisation de produits financiers

valorisation_produits_financiersLe prochain sommet du G20 se tiendra le 2 avril à Londres et abordera entre autres le sujet de la réglementation financière. La Fédération Bancaire Française (FBF) a préparé une liste de propositions destinées à renforcer la supervision des banques et éviter les effets pervers de certaines pratiques.

Parmi les pistes proposées est celle de « valoriser au prix de marché que lorsqu’il y a un marché » et « dans les cas où il n’y a plus de marché, admettre un concept de valeur d’usage et traiter les actifs concernés comme des crédits ».

La comptabilisation à la valeur de marché selon les fameuses normes IFRS a provoqué les premières difficultés liées aux marchés de produits dérivés devenus « illiquides ». Cette fâcheuse situation a fait plonger non seulement les bilans des banques, mais également les actifs des assureurs et les valeurs liquidatives des OPCVM.

Or, ces derniers sont soumis à la valorisation quotidienne au prix du marché, dans l’objectif d’assurer la liquidité des actifs.

2 questions se posent :

1/ Va-t-on donner 2 prix différents pour le même produit, en fonction de la nature du détenteur ?

2/ Va-t-on interdire les produits structurés aux OPCVM et qui alors va définir la liste et en fonction de quels critères ?

Plus que jamais, il faut que les différents acteurs se mettent d’abord d’accord sur les mêmes métriques et donc définitions.

Formation pour mieux comprendre les fondamentaux des normes IFRS :

IFRS et instruments financiers : maîtriser les fondamentaux

IFRS et instruments financiers : de la contrainte à l’opportunité commerciale

IFRS et instruments financiers : maîtriser les fondamentaux (cours du soir)