Les nouvelles règles de solvabilité du texte de Solvency II forcent les compagnies d’assurances à diminuer leurs risques, ce qui devrait pénaliser rapidement la délégation de gestion.
La rentrée en vigueur des nouvelles règles Solvency II est prévue pour 2012. Ces dernières prévoient un niveau de fonds propres minimump à immobiliser en fonction d’une exposition aux risques de marché: « Solvency I ne demande pas de capital pour les risques pris à l’actifs. A l’inverse Solvency II change la donne et prévoit un minimum de capital requis en fonction des différents risques au bilan. La crainte actuelle est donc que les assureurs prennent beaucoup moins de risques, actions ou crédit » explique Eric Viet, resposable de vente de solutions cross-assets investisseurs institutionnels chez SGCIB.
Autrement dit, ce ne sera plus de l’allocation d’actifs globale qui guidera le choix d’investissement des assureurs mais leur niveau de risque. Pour calculer ce niveau de risque et surtout le niveau de fonds propres nécessaire pour le couvrir, le CEIOPS (Committee of European Insurance and occupational Pensions Supervisors), autorité de régulation européenne des assureurs, décide désormais des hypothèses de marché que les assureurs devront intégrer dans leurs politiques d’investissement. Or ces dernières hypothèses posent beaucoup de questions: elles prévoient que le capital immobilisé sur le risque actions doit faire face à une baisse de 45% des marchés sur un an, indique Olivier Héreil, responsable du groupe de travail Solvency II à l’AF2i (Association française des investisseurs institutionnels), ce qui pousse déjà certains assureurs à réduire leur exposition actions de près de 50%. Sur d’autres classes d’actifs, comme l’immobilier, le non-coté et les hedge-funds, les hypothèses d’impact sont respectivement de 25%, 65% et 25% sur un an. Ce qui pourrait avoir comme effet direct la reprise par les assureurs de leur gestion en interne, ce qui ferait baisser l’encours de la majorité des sociétés de gestion, même si cela risque de créer des opportunités de diversifications géographiques pour les gérants globaux. Mais ce seront surtout les gérants qui offriront à leurs clients des solutions innovante et performante pour le couple rendement / risque qui ressortiront gagnants de ces nouvelles normes, ce qui va relancer la gestion active des portefeuilles au détriment des ETF et autres gestions passives. Mais certains, comme Thibaud de Vitry, directeur des solutions d’investissement chez AXA IM, pensent que cela pourrait entrainer un regain du recours aux dérivés pour baisser le cout du capitalsans modifier l’exposition aux classes d’actifs.
La seule conséquence certaine aujourd’hui est que cette mise en place de nouvelles règles va ralentir les nouvelles allocations d’actifs, ce qui faire entrainer un manque à gagner important pour les consultants et certaines sociétés de gestion en mal de mandat.