Les banques abandonnent le secteur du charbon

Face à la pression des ONG et aux enjeux écologiques et économiques, les banques réduisent de plus en plus leurs financements de l’industrie du charbon.

Les banques abandonnent le secteur du charbonSelon un rapport publié par ONG Oxfam France et Les Amis de la Terre France, les 25 plus grandes banques mondiales ont financé les énergies fossiles ( pétrole, gaz, charbon) à hauteur de 847 milliards d’euros entre 2009 et 2014, via des prêts et des émissions d’actions et d’obligations.A titre comparatif, les grandes banques mondiales ont financé les énergies renouvelables à hauteur de 89 milliards d’euros sur cette même période, soit près de 10 fois moins que le montant alloué aux énergies fossiles.

Un phénomène que l’on retrouve également en France, où les 5 plus grandes banques ( BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole, Groupe BPCE et Crédit mutuel) ont financé les énergies renouvelables à hauteur de 18 milliards d’euros entre 2009 et 2014, contre 129 milliards d’euros pour les énergies fossiles sur la même période.

Mais cette tendance pourrait bien changer rapidement. En avril dernier, BNP Paribas, la Société générale et le Crédit Agricole ont ont refusé de financer de gros projets dans l’industrie du charbon en Australie ( voir aussi BNP Paribas s’ éloigne du charbon). En mai, c’était au tour du Crédit Agricole d’annoncer l’arrêt des financements de projets de mines de charbon. En septembre, la banque précisait qu’elle mettait également fin au financement des centrales électriques au charbon dans les pays à hauts revenus disposant d’alternatives au charbon.

Début octobre, la banque américaine Citi annonçait quant à elle que ses crédits aux mines de charbon avaient déjà diminué de manière significative depuis 2011, et que cette tendance allait se poursuivre. Natixis a également annoncé l’arrêt des financements de centrales électriques au charbon et de mines de charbon thermique partout à travers le monde, une décision motivée notamment par les risques économiques et réglementaires liés à l’industrie du charbon. La banque a par ailleurs annoncé qu’elle ne financerait plus les sociétés dont plus de 50 % de l’activité repose sur l’exploitation de centrales électriques au charbon ou de mines de charbon thermique.

Les 18 et 19 novembre derniers, à seulement quelques jours de la COP21, la Société générale et BNP Paribas ont annoncé la réduction de leurs financements de l’industrie du charbon. La Société générale ne financera plus les projets de mines de charbon dans le monde ainsi que les projets de centrales thermiques à charbon dans les pays de l’OCDE à revenus élevés. Elle continuera toutefois à financer les centrales à charbon dans les pays émergents tels la Russie, la Chine, l’Inde, ou l’Afrique du Sud, pour les accompagner dans la transition énergétique. Quant à BNP Paribas, la banque a décidé de doubler ses financements des énergies renouvelables, 6,9 milliards d’euros en 2014 à 15 milliards en 2020, et s’est également engagée à soutenir les obligations vertes ( voir aussi Présence de BNP Paribas sur le marché des green bonds).

Quel est le risque économie lié au financement de l’industrie du charbon pour les banques ?

D’après l’ONG Carbon Tracker Initiative, l’un des objectifs de la COP21 visant à limiter à 2 degrés Celsius le réchauffement climatique d’ici à 2050 impliquerait de ne consommer que 20 % des réserves mondiales de carbone fossile. Ce sont donc près de 80 % des réserves d’énergies fossiles dans le monde qui perdraient ainsi de leur valeur, avec de graves conséquences économiques pour les producteurs ainsi que les établissements qui les financent.

Le risque financier lié aux énergies fossiles aurait donc fini de convaincre les banques d’abandonner les financements de l’industrie du charbon.

 

Présence de BNP Paribas sur le marché des green bonds

D’après Bloomberg et Climate Bonds Initiative, BNP Paribas était dans le top 4 des bookrunners sur les émissions de green bonds en euros et en dollars au 1er septembre 2015.

Présence de BNP Paribas sur le marché des green bonds

Encore 6ème à ce classement sur les émissions d’obligations vertes en euros, BNP Paribas a innové en proposant le premier green growth bond, dont la Banque mondiale était émetteur. Ce fut le premier green bond indexé sur un indice actions, construit en partenariat avec Vigeo pour l’intégration des critères ESG dans la sélection des titres. L’émission a été placée en Europe, aux États-Unis et en Asie.

Le marché des green bonds prend de plus en plus d’ampleur, avec toujours plus d’émissions de la part d’industriels, à côté des banques multilatérales de développement. BNP Paribas accompagne des entreprises industrielles sur l’émission d’obligations vertes. Le groupe a fait une première émission de 2,5 milliards de dollars avec Engie en 2014. Cette année, BNP Paribas a été bookrunner du premier green bond émis par Paprec, une entreprise de recyclage, de traitement et de valorisation des déchets.

source; revue-banque

Un label public pour les fonds verts

Ségolène Royal a récemment annoncé la création d’un label public pour les fonds verts.

Un label public pour les fonds vertsLa ministre de l’Écologie, du développement durable et de l’énergie a en effet annoncé que les fonds verts ( qui investissent dans l’économie verte) allaient bientôt bénéficier d’un label public, le label « Transition énergétique climat ». Et la CoP 21 qui aura lieu à Paris en décembre pourrait bien être l’occasion de labelliser les premiers fonds verts ( voir aussi La finance verte, qu’ est-ce que c’ est ?).

Ce label « Transition énergétique climat » aura pour but d’identifier les fonds verts existants, d’inciter à la création de nouveaux fonds verts, et de faciliter le reporting des entreprises sur la part verte de leurs activités. Avec la création de ce label, les fonds verts vont ainsi pouvoir gagner en visibilité ( voir aussi Des stress tests sur les risques associés au changement climatique ?).

Le référentiel du label vert public, qui exclut les soutiens aux combustibles fossiles et au nucléaire, a été élaboré en concertation avec Novethic, qui propose son propre Label Fonds Vert depuis 2013 et a lancé son label ISR dès 2009. Le label vert Novethic a labellisé 7 fonds verts cette année, après en avoir labellisé autant l’année dernière. Le panel de fonds verts reste encore limité en France et en Europe pour les fonds matures. Mais pour la 1ère fois, un fonds vert obligataire, investi en green bonds ( obligations vertes), a été labellisé par Novethic cette année. Le Mirova Green Bond – Global propose une analyse ESG des projets financés par les émissions vertes.

source: Revue-Banque

La finance verte, qu’ est-ce que c’ est ?

Green bonds ( obligations vertes), fonds verts, taxe carbone, etc… La finance verte représente l’ensemble des services proposés par les marchés financiers pour investir dans des projets qui visent à réduire l’impact des activités humaines sur l’environnement.

La finance verte, qu' est-ce que c' est ?La finance verte continue son développement. Après la taxe carbone, l’explosion des obligations vertes ( dont 1,25 milliard de dollars de green bonds émis par EDF la semaine dernière) et des investissements dans les énergies renouvelables (+55 % entre 2009 et 2014), le fonds vert pour le climat qui atteint déjà 10,2 milliards d’euros, etc… la finance verte est aujourd’hui au coeur des débats et sera au centre des négociations de la COP21 qui aura lieu dans quelques semaines à Paris.

Principal objectif de cet évènement: identifier les sources de financement permettant de débloquer une enveloppe de 100 milliards de dollars par an en faveur des pays en développement afin de les aider à faire face aux changements climatiques. 87 milliards seraient déjà sécurisés: 62 milliards de fonds publics et privés, ainsi que 15 milliards supplémentaires promis par les banques de développement.

Le rôle du privé dans la finance verte ne se limite pas à cette enveloppe des 100 milliards. Car c’est l’ensemble du système financier qui doit se réformer pour soutenir la transition mondiale vers une économie bas carbone. Les investisseurs institutionnels sont de plus en plus nombreux à rejoindre le mouvement de désinvestissement des énergies fossiles.

Des marchés du carbone ont été expérimentés dans 40 pays et 20 villes représentant 12% des émissions mondiales, en attendant le marché national chinois (26% des émissions) attendu en 2016. La Suède a été le premier pays à instaurer une taxe carbone au début des années 1990, entraînant depuis une baisse de 23% de ses émissions de CO2 et une croissance de 60%.

Selon l’ONG américaine Ceres, 1000 milliards de dollars par an seront nécessaires d’ici à 2030 pour verdir l’économie mondiale.

Mais le risque systémique plane. La décarbonisation de l’économie doit être gérée avec minutie afin d’éviter un choc trop brutal pour les industries polluantes et l’éclatement d’une bulle carbone.

L’ intégration ESG en France

Le principe de l’intégration ESG est la prise en compte des critères ESG ( environnementaux, sociaux ou de gouvernance) dans la gestion classique.

L' intégration ESG en FranceL’intégration ESG consiste également à mettre de l’analyse ESG à disposition des équipes de gestion. Elle concerne principalement des encours importants. Mais qu’en est-il de l’intégration ESG en France ?

L’intégration ESG en France prend des formes très diverses et plus ou moins contraignantes. Selon Novethic, la diffusion de l’analyse ESG à toutes les équipes de gestion devient la norme et concernerait 2900 milliards d’euros sous gestion.

Les pratiques considérées comme les plus exigeantes ( processus ESG contraignants et intégration des critères dans la valorisation) représentent un encours de 356 milliards d’euros. Un chiffre à comparer aux 223 milliards d’euros de l’investissement socialement responsable ( ISR) et aux 3,8 milliards d’euros des investissements verts ( fonds thématiques environnementaux, green bonds ou obligations vertes, financement d’infrastructures vertes). 1952 milliards d’euros ont été exclus du fait que leurs émetteurs violaient des conventions internationales ou ne respectaient pas les recommandations du Global Compact. 583 milliards d’euros ont été soumis à une exclusion sectorielle par le gérant ( amiante, tabac, armement…).